Un peu de vide, beaucoup de vie

Cinq jours. Seule.
C’est en haut des montagnes espagnoles que j’ai choisi de m’isoler.
Certains diront que je fuis le monde.
Mais c’est tout le contraire : cette parenthèse me permet de m’en rapprocher.

Je n’ai personne à qui parler.
Ma voix est au repos.
Mais mon ouïe, elle, est plus aiguisée que jamais.
Mes oreilles sont en alerte :
l’engoulevent la nuit, le criquet le jour.
Même le battement d’ailes d’un papillon,
la balade silencieuse d’une fourmi
semblent désormais à ma portée.

Le monde, je ne l’ai pas fui.
Je le retrouve. Je l’entends. Je l’écoute.
Et je me retrouve aussi :
dans les pages que je lis,
dans les melons que je mange,
dans les couchers de soleil que je regarde.

Je reçois le monde tel qu’il vient.
Je ne cherche pas à le dompter.
Ici, je fais partie du monde.
Je suis une parcelle du tout.

Ici, je ne suis nulle part.
Ici, je suis au cœur de la vie.

Kayajenn

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